La vraie valeur de vos timbres : l'Emission de Bordeaux
Pourquoi certains "Bordeaux" valent encore très cher (et d’autres beaucoup moins).
Que ce soit par des philatélistes expérimentés ou par des non-initiés ayant hérité d’une collection, une même question nous est régulièrement posée :
Pourquoi les cotes indiquées dans les catalogues sont-elles si éloignées des prix pratiqués sur le marché ?
Et les réponses que nous recevons à notre sondage en cours sur les catalogues de cotation en disent long. En voici quelques-unes parmi des dizaines :
« Il existe un tel écart entre cote et prix du marché que la cote actuelle ne veut plus rien dire. »
« Les cotes du catalogue ne veulent plus rien dire du tout. Je trouve ridicule de le nommer catalogue de cotation. »
« C’est trompeur pour un nouveau philatéliste qui va penser faire une bonne affaire en achetant ses premiers timbres à 50 % de la cote, alors que certains timbres du catalogue valent seulement 5 à 10 %. »
« Cela devient incompréhensible. On voit des marchands vendre a 10% de la cote. »
« On sait tous que la cote est devenue illusoire. »
Ces témoignages reflètent une inquiétude réelle : celle d’un marché devenu difficilement lisible.
Face à cette situation, nous avons choisi de parler vrai. Oui, pour certains timbres très courants ou avec défauts, les prix se situent aujourd’hui à 10 % de la cote. Nous l’avons déjà montré dans notre précédent article sur les timbres Europa CEPT, dont les prix ont fortement baissé.
Mais il serait faux d’en conclure que tout le marché suit la même pente. Certaines émissions classiques, au contraire, conservent une valeur réelle, parfois soutenue. C’est notamment le cas – au moins pour certaines valeurs – de l’une des séries les plus mythiques de la philatélie française : l’Émission de Bordeaux.
Dans cette newsletter, nous vous disons tout sur l’évolution réelle de la valeur de cette émission, chiffres à l’appui. Bonne lecture !
Vous aussi, faites entendre votre voix !
Depuis plus d’un siècle, les catalogues fixent les cotes. Mais qui écoute les collectionneurs ? Trop souvent, les décisions se prennent loin du terrain et des évolutions du marché. C’est pour cette raison que avons lancé un grand sondage sur les catalogues de timbres :
➡️ pour connaître votre avis,
➡️ pour publier les résultats,
➡️ et pour que la voix des philatélistes soit entendue.
Votre expérience compte. Que vous soyez collectionneur depuis quarante ans ou que vous veniez dé découvrir la philatélie, votre regard nous aidera à dresser un état des lieux honnête du marché.
Il vous reste quelques jours pour participer ! Les résultats seront publiés dans notre prochaine newsletter, avec nos analyses et vos témoignages à la clé. Et pour vous remercier de votre participation, nous vous offrons 10 % sur l’ensemble du site, valable y compris sur notre prochaine vente flash à la fin du mois d’octobre.
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En retour, nous vous indiquerons gratuitement et sans engagement :
➡️ La vraie valeur de votre collection - non pas selon les catalogues, mais sur le marché actuel.
➡️ Si certains de vos timbres sont rares et recherchés.
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➡️ Comment éviter les pièges tendus par certains sites.
La vraie valeur des timbres de l’Emission de Bordeaux
Naissance d’une émission mythique
Automne 1870. La France vient de subir l’une des plus grandes défaites de son histoire : Napoléon III capitule à Sedan, le 2 septembre. Paris, bientôt assiégée par les Prussiens, est coupée du reste du pays. Le 4 septembre, la République est proclamée à l’Hôtel de Ville, et un Gouvernement de Défense nationale s’installe sous l’autorité du général Trochu. Mais dans cette France divisée et désorganisée, un problème inattendu surgit : il y a pénurie de timbres dans de nombreux départements de province.
Bordeaux, atelier de fortune
Le gouvernement, replié à Tours, puis à Bordeaux, charge la Monnaie de Bordeaux de fabriquer une nouvelle série provisoire. Le 30 septembre 1870, une lettre du délégué du ministre des Finances, Ernest de Roussy, officialise la mission : Bordeaux est désormais responsable de la confection des nouveaux timbres-poste.
L’entreprise est confiée au dessinateur Dambourgez. Mais les premiers essais sont décevants : encres trop sombres, traits grossiers. On fait alors appel à un autre artiste, Léopold Yon, qui réalise un dessin d’une finesse remarquable. Sous sa direction, on grave et on reporte sur pierre les effigies de Cérès, symbole de la République.
Dès novembre 1870, les premières valeurs sortent des presses : 1c, 2c, 4c, 5c, 10c, 20c, 30c, 40c, 80c. Au total, environ 125 millions de timbres seront imprimés jusqu’en mars 1871.

Des conditions de travail extrêmes
Les récits d’époque dépeignent une atmosphère digne d’un roman : des ouvriers travaillant de nuit à la lueur du gaz, des encres broyées à la main, des papiers de qualité inégale. Les pierres lithographiques, usées, doivent être remplacées régulièrement.
Les différences d’encrage, les multiples reports (copies successives du motif original sur la pierre d’impression) et les retouches manuelles ont engendré des centaines de variantes. C’est ce qui explique la complexité de cette émission : chaque feuille ou presque est unique.
« Les Bordeaux, écrit Michel Melot dans le n°56 de Timbroscopie, semblent sortis de la palette d’un peintre. »
Et il avait raison. On observe une infinité de nuances : rouge brique, groseille, rouge-sang foncé, outremer… Ces variations, parfois subtiles, parfois spectaculaires, font aujourd’hui le bonheur - et parfois le désespoir - des collectionneurs. Le catalogue Yvert recense d’ailleurs cette année plusieurs nouvelles teintes, comme nous l’expliquions dans notre précédente newsletter.

Les Bordeaux cessent d’être imprimés le 18 mars 1871, le jour même où éclate la Commune de Paris. Ils seront progressivement remplacés par les nouveaux timbres de Paris, imprimés dans des conditions redevenues normales.
Chiffres de tirage et évolution du marché
Contrairement à une idée reçue, les timbres de l’Émission de Bordeaux ne sont tous pas rares en soi. La plupart des valeurs ont été tirées à plusieurs millions d’exemplaires, à l’exception de quelques reports particuliers, dont la production fut nettement plus limitée.
Cette relative abondance explique pourquoi, déjà dans les années 1980 - à une époque où le marché philatélique était florissant - les marchands proposaient les timbres courants de l’Émission de Bordeaux à environ 30 % de la cote. Ainsi, un 30 centimes brun (n°47) s’affichait alors autour de 300 francs, pour une cote de 1 000 francs. Aujourd’hui, un exemplaire équivalent atteint généralement 20 % de la cote en vente : une baisse, certes, mais qui est loin d’être un effondrement.


Pourquoi cette baisse ?
D’abord, la diminution progressive du nombre de collectionneurs. C’est une réalité que tout le monde observe, y compris dans les clubs et associations : le renouvellement générationnel n’est pas au rendez-vous, et la loi de l’offre et de la demande joue pleinement.
Ensuite, la transformation radicale du marché avec l’essor des plateformes en ligne - Delcampe, eBay, Catawiki… - qui ont bouleversé les équilibres traditionnels. Autrefois, les marchands “tenaient” le marché : ils régulaient les prix, filtraient la qualité, écoulaient les stocks avec discernement. Aujourd’hui, n’importe qui peut s’improviser vendeur, qu’il s’agisse d’un amateur isolé ou d’un négociant occasionnel. Résultat : une offre démultipliée, souvent hétérogène, où le meilleur côtoie le pire.
À l’instant où nous écrivons ces lignes, une simple recherche « Émission de Bordeaux » sur Delcampe renvoie plus de 10 000 annonces. Un chiffre vertigineux… mais trompeur. Car derrière ces milliers d’offres se cachent des situations très diverses : des timbres réparés présentés comme “premier choix”, des nuances dites “groseille” qui ne sont que de simples roses, et des prix affichés sans aucun rapport avec la qualité réelle des pièces.

En conclusion, pour les Bordeaux “standards”, en qualité “premier choix” mais sans particularité de nuance ou d’oblitération, le marché s’est stabilisé depuis plusieurs années autour de 20 % de la cote. Un niveau cohérent avec la réalité de l’offre et de la demande - et qui, contrairement à ce que l’on croit parfois, témoigne davantage d’un rééquilibrage que d’un effondrement.
Les exceptions : où la valeur reste élevée
Venons-en maintenant aux exceptions.
Les timbres neufs
Les timbres neufs de l’Émission de Bordeaux sont notoirement sous-cotés. Cette anomalie trouve son origine à la fin du XIXᵉ siècle et au début du XXᵉ, lorsque plusieurs lots importants de Bordeaux neufs firent leur apparition sur le marché parisien. L’un des plus célèbres provenait probablement du stock découvert - ou plutôt pillé - par les troupes allemandes lors de l’occupation de 1870-1871, dans un bureau postal de province.
Ces arrivages spectaculaires ont temporairement inondé le marché, faisant chuter les prix de manière mécanique. Mais ces événements remontent à… plus de 120 ans ! Depuis, ces stocks ont été dispersés et absorbés par plusieurs générations de collectionneurs.
Curieusement, pourtant, les catalogues n’ont jamais véritablement révisé leurs cotes à la hausse : les timbres de Bordeaux neufs sont restés cotés comme s’ils étaient relativement courants, alors qu’ils ne le sont plus depuis longtemps.
Aujourd’hui, les timbres neufs sans charnière de l’Émission de Bordeaux atteignent des prix soutenus dans les ventes publiques, souvent supérieurs à 40 % de la cote, et peuvent dépasser cette moyenne pour les exemplaires d’une fraîcheur parfaite. À une condition essentielle, bien sûr : qu’ils ne soient pas regommés. Car le regommage, cette pratique qui consiste à redonner artificiellement l’apparence d’une gomme neuve à un timbre ancien, reste un véritable fléau. Nous en parlions d’ailleurs dans une précédente newsletter.


Les timbres de qualité exceptionnelle
Il y a certes quantité de timbres de Bordeaux sur le marché, mais beaucoup moins de timbres particulièrement esthétiques. Les timbres équilibrés, avec de larges marges et une oblitération laissant l’effigie dégagée sont, en réalité, rares. Et cette rareté se paie : ces pièces atteignent des ratios cote/prix nettement plus élevés que la moyenne.
Il en va de même pour les nuances particulièrement marquées. Comme nous l’avons vu plus haut, l’Émission de Bordeaux se distingue par une extraordinaire diversité de teintes : certaines s’approchent simplement de la nuance “type”, d’autres la représentent parfaitement, et quelques-unes enfin en offrent une version poussée à l’extrême, d’une intensité exceptionnelle.
Pour ces timbres d’exception — qu’ils se distinguent par leur présentation ou par leur couleur —, atteindre 35 % ou 40 % de la cote n’a rien d’inhabituel. C’est même, souvent, le juste prix du beau.


Les spécialités
Les oblitérations particulières, les timbres coupés sur lettres, les piquages privés ou encore les petits chiffres marginaux (dont nous vous parlions dans une précédente newsletter)… Ces curiosités philatéliques font le bonheur des amateurs avertis.
Ces timbres peuvent atteindre des prix élevés. Mais prudence : il s’agit là d’un marché de spécialistes, une microniche exigeante où l’acheteur potentiel est souvent aussi connaisseur que rare. Autrement dit, ces pièces peuvent susciter des enchères soutenues… ou, selon le moment et le public, rester invendues.

Conclusion
L’Émission de Bordeaux illustre à merveille ce paradoxe que nous observons aujourd’hui sur l’ensemble du marché : la cote ne fait pas la valeur, et la valeur ne se décrète pas - elle se constate, sur le terrain, vente après vente.
Les chiffres le prouvent : alors que les timbres courants se négocient autour de 20 % de la cote, les beaux exemplaires, les nuances marquées ou les pièces d’exception continuent, eux, à trouver preneur à des niveaux bien supérieurs. Autrement dit, concernant l’Emission de Bordeaux, le marché ne s’effondre pas : il devient plus sélectif. Le temps des achats “à la cote” est révolu ; celui des achats éclairés, fondés sur la qualité et la rareté, a pris le relais.
Et vous, que pensez-vous des catalogues de cotation ? Donnez-nous votre avis (et obtenez une réduction du 10 % sur l’ensemble de notre site) !
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Bonjour,
Je viens de lire, avec un peu de retard, cet article, et bien que je ne collectionne pas cette émission par choix, il est forcé d'admettre que la Guerre de 1870 est une période unique de l'histoire philatélique française.
Cela est toujours un plaisir de se replonger dans cette période et d'en découvrir un peu plus sur cette émission !
Merci et bonne journée à vous !