La vraie valeur des timbres Europa CEPT
Derrière la baisse des cours : une fraude, et quelques timbres qui résistent.
Que ce soit par des philatélistes expérimentés1 ou par des non-initiés ayant hérité d’une collection, une même question nous est régulièrement posée :
Pourquoi les cotes indiquées dans les catalogues sont-elles si éloignées des prix pratiqués sur le marché ?
Dans de nombreux cas, en effet, le prix de revente d’un timbre représente entre 10 à 30 % de sa cote catalogue. À l’inverse, certains timbres, parfois peu cotés, peuvent se vendre bien plus cher qu’on ne le croit.
Pourquoi ces écarts ?
Pour le comprendre, il faut remonter à l’origine même de la philatélie. Au XIXᵉ siècle, les éditeurs de catalogues - souvent aussi marchands - avaient tout intérêt à gonfler les cotes pour faire croire aux collectionneurs qu’ils faisaient de « bonnes affaires » grâce à des remises sur ces prix artificiellement élevés.
Aujourd’hui, la logique a changé, mais le problème persiste. Les cotes sont parfois maintenues à des niveaux irréalistes, non parce qu’elles reflètent la valeur réelle des timbres, mais par crainte d’inquiéter les collectionneurs. Les ajuster risquerait de donner l’impression d’un effondrement du marché.
Dans ce contexte, nous avons choisi de vous parler franchement.
Pour vous aider à y voir clair, nous lançons une série d’articles fondés sur la réalité du marché : cas concrets, données chiffrées, et informations que vous ne trouverez pas ailleurs.
Cette semaine : la vérité sur les timbres Europa CEPT.
Pourquoi certains se vendent actuellement à moins de 5 % de leur cote.
Comment une escroquerie à 2,4 milliards d’euros a provoqué leur baisse.
Et pourquoi certains d’entre eux échappent à cette tendance.

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➡️ La vraie valeur de votre collection - non pas selon les catalogues, mais sur le marché actuel.
➡️ Si certains de vos timbres sont rares et recherchés.
➡️ La stratégie de vente la plus adaptée (vente directe, aux enchères, à la pièce ou en lot).
➡️ Comment éviter les pièges tendus par certains sites peu scrupuleux.
La vraie valeur des timbres Europa CEPT
Une belle idée européenne
Lancée en 1956, l’émission des timbres Europa incarne à ses débuts une ambition forte : symboliser l’unité et la coopération entre pays européens à travers une émission philatélique commune. Sous l’égide du Conseil de l’Europe, puis de la CEPT (Conférence européenne des administrations des postes et télécommunications), chaque pays émet chaque année un timbre sur un thème partagé, avec un visuel harmonisé.
Le succès est immédiat. Ces émissions simples (une par pays et par an), peu coûteuses et largement diffusées séduisent un vaste public. Par abonnement, des dizaines de milliers de collectionneurs se constituent des collections complètes, ce qui entretient une demande soutenue et justifie alors des cotes élevées dans les catalogues, bien que ces timbres soient récents.
Quelques exemples de cotes Yvert & Tellier : Année 1956 : 671 €. Année 1960 : 242 €. Année 1972 : 259 €.

Mais cette belle dynamique finit par s’essouffler.
Une production devenue inflationniste
Avec les années, de plus en plus de pays rejoignent le programme Europa, et les émissions se multiplient (blocs, carnets, etc.). Ce qui était une série annuelle modeste se transforme en une avalanche de produits :
En 1956 : 6 pays, 13 timbres.
En 1999 : 56 pays, 100 timbres.
En 2020 : 63 pays, 349 timbres

Résultat : les coûts s’envolent, et la facilité à collectionner disparaît. Beaucoup se lassent et délaissent cette collection devenue trop onéreuse et complexe à suivre.
Mais un autre événement, bien plus dramatique, vient également assombrir le marché des timbres Europa CEPT : le scandale Afinsa.
Afinsa : le plus grand scandale que le monde de la philatélie ait connu
Le 9 mai 2006, tout bascule
Ce jour-là, plus de 300 policiers espagnols perquisitionnent les locaux madrilènes d’Afinsa Bienes Tangibles, leader mondial supposé de l’investissement en timbres. L’"Opération Atrio", couplée à une intervention contre Fórum Filatélico, révèle un vaste système de fraude.
Environ 350 000 épargnants, pour la plupart retraités, y avaient investi entre 3 et 3,5 milliards d’euros.
Une promesse illusoire
Fondée en 1980, Afinsa promettait des rendements garantis de 6 à 10 % par an, prétendument réels, en manipulant la valeur des timbres. Mais derrière cette façade se cachait un système pyramidal :
Les timbres étaient massivement surévalués — jusqu’à 10 ou 11 fois leur valeur réelle.
Les intérêts versés aux anciens investisseurs venaient exclusivement des dépôts des nouveaux.
Quand l’argent frais est venu à manquer, tout s’est effondré.
Conséquences judiciaires et financières
Le fisc espagnol a estimé les pertes à 2,4–2,6 milliards € en 2006.
En juillet 2016, onze dirigeants ont été condamnés à des peines de 2 à 12 ans de prison et condamnés à rembourser 2,57 milliards € à plus de 190 000 victimes. Malgré des condamnations complémentaires en 2018–2020, les remboursements restent à ce jour insignifiants.
Un marché philatélique européen impacté
Les conséquences de la chute d’Afinsa sont importantes :
À partir du milieu des années 2010, les immenses stocks de timbres saisis (en grande partie des timbres des années 1950 à 1990) sont progressivement liquidés lors de ventes aux enchères, souvent à bas prix.
Des maisons spécialisées comme Christoph Gärtner ou DBA écoulent des séries entières, parfois par centaines ou milliers d’exemplaires, saturant ainsi le marché..
Cette surabondance provoque une baisse immédiate de la valeur des timbres concernés — notamment des séries complètes d’après-guerre du Portugal, du Luxembourg, du Liechtenstein, etc. ainsi que les émissions Europa CEPT.

Où en est-on aujourd’hui ?
Le marché porte encore les stigmates de la crise Afinsa. Les prix pour les timbres Europa CEPT continuent à être bas.
Un lot de 21 années complètes (jusqu’en 1972), pour une cote Yvert de 4 403 €, s’est vendu seulement 78,80 € (frais inclus), soit moins de 2 % de la cote, aux enchères en mai 2025.

Pour les collections complètes, montées en album, la situation est à peine meilleure.
Une collection complète 1956–2010 en albums, avec une cote approximative de 14 000 €, a été adjugée 819 € aux enchères — soit environ 6 % de la cote, aux enchères en juin 2025.

Mais tout n’est pas noir :
Les timbres post-2005 sont beaucoup plus rares. Ils ont échappé à Afinsa, ont été moins collectionnés et apparaissent peu aux enchères. Leurs prix se tiennent mieux.
Les “à côté” de la collection (essais, variétés, épreuves d’artiste…) restent recherchés.

Pour aller plus loin, concernant le scandale Afinsa :
Will stamp-buyers come unstuck?, The Guardian, Tony Levene, mai 2006 (en Anglais).
Spanish stamp fraud, Kheyati, mai 2019 (en Anglais).
Caso Pendiente, documentaire de Juan Gautier sur l’affaire Afinsa, 2012 (en Espagnol). Voir la bande-annonce du documentaire
Et vous, êtes-vous prêt à connaître la vraie valeur de votre collection ?
Peut-être avez-vous passé des années à constituer une collection soignée, pièce après pièce. Ou peut-être avez-vous d’hérité d’un ensemble monté en albums, bien conservé. Aujourd’hui, vous envisagez de vendre. Mais à quel prix ?
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Pourquoi choisir la maison Calves ?
C’est simple. Nous sommes les experts que les autres experts consultent.
Depuis plus de 50 ans, la mention “signé Calves” fait autorité dans les catalogues de ventes aux enchères. C’est chez nous que passent les timbres les plus rares et les plus difficiles à authentifier.
Tout commence en 1943 avec Roger Calves, élève d’Aimé Brun - figure fondatrice de l’expertise philatélique moderne. Son exigence et son savoir-faire sont ensuite transmis à Christian Calves et Alain Jacquart, qui font aujourd’hui référence dans le monde philatélique.
➡️ En 2024, La Poste française rend hommage à cette histoire en émettant un timbre officiel à l’effigie de Roger Calves — un honneur rare, partagé par peu d’experts philatéliques.
Bonjour Messieurs,
Excellent article ! Même si je ne connais rien aux timbres EUROPA, vous expliquez parfaitement la raison de la chute de la valeur de ces timbres.
Merci beaucoup.
Aurons nous aussi des articles sur le même sujet pour les classiques de France ?
A côté de ces écarts vertigineux à la baisse, il y a des cotes qui sont très inférieures à la valeur réelle des timbres. Cela serait aussi intéressant de faire un article sur ce sujet.
Exemple, j'ai mis plus de 15 années pour trouver un n°15 (25c. Empire non dentelé) oblitéré grille. Et pourtant je consulte tous les catalogues de VO des négociants en France depuis des années. Sa cote n'est que de 650 euros. Sa valeur réelle vaut certainement beaucoup plus que le 1/5 de cote, valeur réelle des timbres classique de France oblitérés en qualité TB (ma référence). Pour les oblitérations rares, c'est quasiment toujours le cas, les cotes ne représentent pas la valeur réelle des timbres, en les minorant (exemple les oblitérations des corps expéditionnaires / armées, sauf celles du Mexique qui sont courantes).
Bien cordialement
Gilles
Bonjour,
Je ne peux pas mettre de pièce jointe sur ce système (où je ne sais pas comment faire). Pouvez vous me donner un email pour envoi du scan demandé ?
Bien cordialement
Gilles